Du fantasme à la réalité … ton risque est-il si grand ?

Quitter sa terre natale à 25 ans, quand on n’a aucune autre responsabilité que soi-même, c’est tenter une aventure aux risques contrôlés. Le faire 15 ans plus tard, quand on a la charge de mener un.e enfant à l’âge adulte de façon saine et équilibrée, un couple stable qu’on ne veut pas perdre, une vie professionnelle installée, des ami.es précieux.ses … c’est un pari sur l’avenir, avec un filet fragile. Pour le faire, c’est à l’appel émotionnel, loin du « raisonnable », que j’ai cédé.

Il y a quelques jours, j’ai vu apparaître dans les rappels de mes publications passées les photos de Lisbonne que j’avais prises l’année dernière. Dans ce premier voyage dont je ne savais pas qu’il changerait tout. J’ai souvent lu qu’une expatriation demande une année de préparation … et c’est dans la résurgence de ces photos que j’ai pris conscience de la réalité de ce propos. Parce si je suis littéralement tombée amoureuse de la ville en la découvrant, je n’avais aucune idée de ce mouvement à venir, alors.

Ou plutôt, j’avais la certitude absolue qu’il était inenvisageable : ma Fille (et son père – on ne les fait pas seul.es, nos mini-nous !), mon Amoureux, le travail, l’école, mes ami.es, mon appartement, mes chats … tout me disait que ma vie était à Paris jusqu’à nouvel ordre. Tout, même si je n’y étais plus heureuse depuis longtemps, même si cette vie me devenait graduellement insupportable, mais si je cherchais l’oxygène en permanence depuis 2015 et son déferlement d’enfer. Je rangeais le reste dans la boîte de mes fantasmes, quand je pourrais retrouver ma liberté – égoïste et solitaire. J’avais entamé mon chemin vers la résignation.

L’effet papillon

Tout … sauf cette graine plantée dans un recoin de mes émotions, dans un sol peu propice à sa germination : j’étais revenue en France 15 ans plus tôt, j’avais reconstruit une vie et tout recommencer eut été irresponsable, immature, impulsif. Autant de caractéristiques qu’un.e adulte éteint soigneusement – c’est ce qu’on fait lorsqu’on est une personne respectable dans ce monde. Ce dont je n’avais pas conscience, c’était que la graine attendait juste de sentir qu’une brise ne balaie la poussière qui l’empêchait de planter des racines.

J’ai passé du temps, ces derniers jours, à te parler d’éléments pragmatiques. Du « comment on fait », quand on n’a pas de capital important, d’offre incroyablement alléchante d’une multinationale avec package de déménagement et avantages en nature, pas de conjoint pouvant assumer pendant qu’on prend ses marques, et pour environnement social, quelques copains à la charge desquels on ne peut pas être pour lier des relations amicales – ou qu’on est constitué comme moi : demander de l’aide fait partie de ces choses que je ne fais qu’en dernier recours, quand j’ai épuisé toutes mes ressources.

Alors que j’allais rédiger un autre article pragmatique, je me suis trouvée devant mon clavier avec une pensée obsédante : tout cela n’a AUCUNE importance. Ce sont des détails. Des modalités infinitésimales, de l’ordre de l’amusement, presque.

Je me suis souvenue de la personne que j’étais à 20 ans (oui, toi qui m’as connue à cette époque … tu te souviens ?). Cette personne là partait, sur ce qui semblait être un coup de tête : à Montréal (ça m’a pris un mois pour prendre la décision sans jamais y avoir mis les pieds), à Rotterdam (il m’a suffit d’aimer un homme pour le faire), mais qui en réalité était la manifestation de ce que j’étais, et que je ne voulais pas éteindre. A cette époque, j’acceptais de prendre un risque. Je pressentais déjà que plus il était gros, plus il était riche. Je ne voulais pas vivre de petites aventures raisonnables, et quand un TGV d’expérience passait, j’embarquais immédiatement : les conséquences étaient des modalités à gérer, elles n’avaient d’autre importance que celle que je leur donnais.

Le cadeau de l’année qui vient de passer aura été celui-ci : me ramener à cette personne là, que j’avais enfouie pour entrer dans des carcans sociaux. Et transmettre, ce faisant, ce cadeau à ma fille (et à mes chats, mais curieusement, je doute qu’ils l’intègrent aussi facilement !) : tu as peu de temps pour exister. 80, 90 ans si tout se passe bien, c’est l’espace d’une nano-seconde.

Est-ce que c’est simple ? Non.

Est-ce que ça te demandera de dépasser des limites que tu croyais infranchissables ? Oui.

Traverseras-tu des doutes, des peurs, auras-tu des échecs ? C’est plus que probable.

Est-ce impossible pour autant ?…

Revenir à l’essentiel …

Tu peux passer cet instant – ta vie, à hésiter, mesurer, craindre. Peut-être auras-tu aussi du bonheur en le faisant – après tout, mes risques ne sont pas faits pour l’ensemble de mes congénères.

Et ton risque à toi, ta grande aventure, n’est peut-être pas le départ. C’est la mienne, avec laquelle je renoue maintenant, et que je te raconte – un peu par vanité, beaucoup parce que la curiosité est un trésor qui se partage, je crois.

Alors … aujourd’hui, sans l’avoir prévu vraiment, j’ai envie de te poser cette question : quelle est-elle, ta merveilleuse aventure ? Quel risque fantasmes-tu de prendre vraiment, que tu ne prends pas parce que le contexte, les circonstances, les limites que tu t’imposes, ou dont tu penses qu’elles te sont imposées, t’empêchent d’y penser vraiment ?

Ps : la conversation m’intéresse vraiment … te poser la question n’est donc pas une figure de style mais un appel à ouvrir le sujet entre nous ! 😉

Rendez-vous sur Hellocoton !

4 Comments

Add Yours
    • 4
      Alexa Faucher

      La souris était dans les starting blocks … elle le réclamait depuis un moment, c’est maman qui avait les pieds sur les freins … petite souris a le potentiel d’une exploratrice ! 😉 (et elle adooooore sa nouvelle vie, elle a lancé une opé lobbying auprès de sa meilleure copine à Paris pour initier un mouvement !!)
      Tu crois que ta tribu aurait du mal ? Ca arrive aussi – mieux vaut éviter d’être romantique et se coller le nez dans la réalité, c’est plus sûr !

Répondre à Dorso Alexandra Annuler la réponse.