Je te quitte !!

La motivation du départ, c’est se rêver dans un ailleurs d’infinis possibles … et aussi quitter ce qui nous épuise. De l’envie latente au choix décisif, je t’explique ce qui m’a poussée à embarquer ma fille et mes chats sur ce radeau.

Je vais te faire une confidence: j’avais décidé d’être sage, en ouvrant ce blog. Pas de vagues, rien de clivant, une petite blague de temps à autres … pour une fois, ne pas être cette insupportable râleuse … j’avais une volonté de fer sur le sujet. Mais le fer, ça fond dans les braises, et les braises, contre toute attente, remontent à la surface. En l’occurence, à la faveur d’une soirée frustrante au contact de cette terre natale, quittée il y a 16 jours, exactement. J’avais par ailleurs un article tout écrit à la place de celui-ci, que tu ne liras jamais: je l’ai remisé au fond de ma corbeille.

Si tu me suis sur Facebook (dans le cas inverse, c’est dans cette direction que ça se passe ➡️), tu as vu passer la nouvelle: Erik Orsenna, écrivain, Membre de l’Académie Française, donnait une conférence au Lycée Français de Lisbonne. J’avais donc décidé de m’y rendre – en tentant, au mieux, d’obtenir une interview que je t’aurais livrée en podcast (on ne perd jamais rien à demander), au pire, en posant quelques questions dont j’aurais pu te faire rapport ensuite.

Son arrivée était annoncée pour 18h. A 18h30, sans la moindre information bienséante sur l’heure possible de son apparition, j’ai mis les voiles. Une demi-heure, me diras-tu, c’est peu pour un Grand Homme. Un peu qui illustre de façon flagrante les raisons qui m’ont remise sur la route de l’expatriation, plus de 15 ans après être revenue au bercail: notre élite est inutile, méprisante, mal élevée.

La maladie de l’élite tricolore

La France est porteuse d’un virus incurable: la Grand-Pays-Tonite. Transmise au fil des générations, cette saloperie pourrit absolument toutes nos belles idées. Elle réduit nos potentiels à néant. On contracte la chose assez rapidement: à l’école dès nos plus jeunes années, à coups de « nos ancêtres les gaulois« . Elle se propage jusqu’à nous conquérir complètement et que, tous en coeur, nous nous contentions de lire les titres de presse sur les réseaux sociaux pour en faire des vérités – « ils l’ont dit dans les journaux« .

Au passage, elle nous autorise au fil des âges à coloniser allègrement (au prétexte d’une sagesse qui nous donnerait tous les droits), à envoyer des hordes de gens à la mort (oui, bon, les communistes, les homos et les juifs, c’était pas si grave, Pétain était un grand homme), à fermer les yeux sur les femmes assassinées par leurs conjoints (on est à 90 depuis le début de l’année, coucou Finkie), à traiter de menteurs les 25% d’enfants victimes de violences sexuelles dans nos frontières (un détail qui forme la jeunesse, sans doute), et à condamner quiconque porte assistance à ceux qui tentent de survivre en se rendant en une terre promise dont on leur a allègrement vendu la fable (après avoir armé leurs bourreaux grâce à de très juteux contrats).

Le tout saupoudré par les discours flamboyants de nos élites, si bien formées, qui nous expliquent avec le plus grand sérieux que tout ça est une question de budget, et que la Fraaaaaaannnnce est un graaaaaand pays (qui estime superflu de recouvrer ses 80 milliards d’euros d’évasion fiscale, mais baisse les APL du manant de 5 euros, cherchez l’erreur). Au nom duquel on se plait à trahir ce dont on se targue avec force superlatifs sur les ondes: nos philosophes, notre constitution, notre devise.

Tant va la cruche …

Il y ceux d’entre nous qui tiennent, faute de mieux.

Il y a ceux d’entre nous qui tiennent, leurs convictions en étendard, et manifestent.

Et il y les autres, dont je fais partie. Ceux qui, un matin, reçoivent un message dans lequel se profile une autre chance à se donner. Ceux-là, qui rêvaient en silence, ou râlaient trop souvent, se voient soudain vieillir comme leurs parents: aigris, mécontents de tout et toujours, et choisissent de quitter un pays opulent qui est entrain de casser sa richesse comme un enfant brise son jouet.

Ceux-là rejoignent un « petit pays », qui se reconstruit à la force du poignet, en résistant aux sirènes de l’austérité. Qui licencie ses dictateurs avec des oeillets, puis, des années plus tard, autorise le mariage à tous ses citoyens dans le calme jovial de ses matins ensoleillés. Qui ne klaxonne pas à l’heure de pointe, parce que c’est vain, qui patiente en file indienne aux arrêts de bus sans pester, qui accueille toutes les bonnes volontés.

On n’est pas expatrié. On est immigré, avec la chance d’être accueilli.

Et on ne regrette que rarement, en pensant à la France et ses foutues élites à qui on envoie un message …

(Oui, ça c’est moi qui te délivre un message d’une subtilité rare, Chère France. Note la délicatesse du geste, l’ajustement du mouvement. Voilà. Merci)

(Tu peux, au passage, entendre ce que M. Orsenna conçoit comme enjeu geopolitique, ici. Il en parle à qui veut l’entendre depuis un moment déjà … nul besoin de l’attendre indéfiniment et benoîtement comme la masse disciplinée que nous ne sommes décidément pas.)

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2 Comments

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  1. 1
    Depuille

    C est marrant, c est bien écrit pas super classe le petit schéma…en tout cas je suis…dans tous les sens. Vendredi je serai en Grèce j enverrai le souffle du blanc/ liberté pour ta prochaine destination. Et côté boulot comment ca se passe, parce qu on mange aussi je suppose au Portugal ? Je t embrasse petit 🐟voyageur

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